mercredi, septembre 27, 2006

La parité et le monde du travail


Beau succès de la réunion organisée hier soir, par Emilie Quintin, déléguée départementale à la parité.


Le débat s'est tenu à Châtillon, à l'invitation du Maire de la ville Jean-Pierre SCHOSTECK et de Philippe PEMEZEC,Député de la circonscription.


Ont participé à un échange avec le public, venu en nombre, de toutes les villes du département :

Patrick DEVEDJIAN, Philippe PEMEZEC, Philippe JUVIN, Isabelle DEBRE, Jeannette BOUGRAB, Bérangère POLETTI, Marie-Pierre BADRE, Dominique Naveau-Duchêne et biensûr Emilie QUINTIN qui a orchestré les échanges.


Patrick DEVEDJIAN a introduit les débats en rappelant, chiffres à l'appui, que notre Département était le premier par le nombre de femmes composant les exécutifs municipaux, la palme revenant à trois villes de droite et divers droite dont Plessis-Robinson administrée par Philippe PEMEZEC. Il a également souligné les situations parfois cornéliennes relatives à la volonté paritaire. Comment expliquer à des élus qui ont la légitimité du suffrage universel et un bon bilan à leur actif qu'au seul motif qu'ils ne sont pas des femmes, il faudrait qu'ils cèdent leur place de façon que le nombre de femmes investies pour les législatives augmente sensiblement?


Philippe PEMEZEC a, avec beaucoup d'humour, recentré le débat disant qu'il ne s'agissait en rien d'une guerre de pouvoir entre homme et femme, mais à rebours de la recherche d'un équilibre par la complémentarité que devait produire leur union dans l'objectif d'une meilleure gouvernance. En somme il ne s'agit pas tant de mettre une femme parcequ'elle est femme, que de placer un individu qui par son vouloir et son potentiel contribuera à l'harmonie d'une gestion commune.


Jeannette BOUGRAB pour sa part a livré un témoignage personnel rappelant en sa qualité de petite fille de harkis que la première discrimination n'était pas d'avoir des origines algériennes mais bien d'être une femme. Les violences à l'encontre des femmes tuent, quotidiennement. Quelque soit par ailleurs le milieu social de l'individu. Non sans ironie, Jeannette BOUGRAB a rappelé que les femmes avaient d'abord eu un droit de vote circonscrit aux élections locales. Ainsi s'est-elle à haute voix interrogée : faut-il que les femmes bénéficient antérieurement de la parité au plan local pour en bénéficier à l'échelon national? (Jeannette Bougrab a recommandé le film indigènes pour avoir à l'esprit l'histoire de ses aïeux).


Philippe JUVIN, quant à lui a insisté sur deux points fondamentaux. Le premier porte sur notre devoir de refuser toute tergiversation afférente aux principes républicains d'égalité et de dignité. La culture ne peut servir de paravent à l'acception de violations de ces principes fondateurs. L'excision, que certains présentent comme une donnée culturelle est une violation de la dignité, portant atteinte à l'estime individuelle. En substance, il a cité le cas d'une petite fille, disant qu'elle ne souffrait pas moins du fait que cette pratique soit inscrite dans le corpus des traditions de "sa culture".

Le second point qu'il a développé est celui de l'intériorisation des possibilités qui se font dès le plus jeune âge. Qu'est ce qui va peser dans l'inconscient d'une petite fille sur sa vision de la possibilité ou de l'impossibilité qu'elle aurait d'exercer plus tard telle ou telle profession. Ainsi a-t-il nuancé les propos d'un intervenant qui pensait que les jeunes femmes auraient moins accès aux études supérieures. Un chiffre marquant, corroborant la démontration du Professeur JUVIN, 70% des étudiants en seconde année de médecine sont des étudiantes.


Enfin un point très pertinent. Contrairement à certains a priori, l'égalité des genres profite à tous.(voir son intervention à la convention UMP sur les femmes, video sur la vie quotidienne des femmes) Un exemple pour illustrer son propos : Un comportement inscrit et cautionné par l'inconscient collectif comme masculin est la consommation d'alcool en discothèque pour les jeunes hommes. Cela a une incidence non négligeable sur les disparitions imputables aux accidents de la route. L'imaginaire collectif, relatif aux attributions des genres doit donc évoluer, boire de l'alcool n'a rien de viril comme être infirmier n'a rien d'" effeminisant".
Concernant la conciliation avec la vie professionnelle stricto sensu, il a également ajouté que les hommes s'entouraient plus volontiers d'hommes et que c'est probablement à ce niveau qu'il faudrait qu'évoluent les mentalités.
Les employeurs regardent trop souvent la femme comme la mère ou la future mère donc une personne moins disponible.

A cet égard la dirigeante du groupe SAFRAN, Madame DESCHEEMAEKER, également adjointe au Maire de Neuilly, a témoigné que dans son entreprise d'une part les réunions n'étaient pas programmées tard le soir ou tôt le matin, et d'autre part qu'une mesure spécifique avait été prise. Généralement les personnes à haut potentiel sont recensées entre l'âge de 30 et 35 ans en entreprise ce qui était inégalitaire puisque cela correspond à l'âge où les femmes ont leurs enfants, et donc de fait contribue à les évincer du processus d'avancement. Le groupe SAFRAN a donc repoussé cet âge à 45 ans pour les femmes de façon qu'elles puissent bénéficier de conditions optimales.

Un débat qui reste donc ouvert, dont un compte rendu détaillé sera prochainement accessible sur le site de la fédération du 92.

msm