vendredi, septembre 22, 2006

Islam, Paix, République

Que signifie Islam, étymologiquement? Certains, sûrs de leur savoir s'empressent de vous répondre soumission.

Cela est partiellement vrai. Et de cette partialité proviennent nombre de dérives. Si se soumettre c'est être en paix avec plus fort que soi, précise le Professeur Odon Vallet, alors c'est une idée juste. mais il faudrait alors ajouter : "Islam veut dire paix". (sur le même thème, bonne tribune de Youssef Seddik, philosophe, dans le figaro de ce jour, reproduite dans la précédente note)

Islam, comme musulman, Salomon et Jérusalem dérivent d'une même racine S-L-M, vocalisée Shalom en hébreu et salam ou islam en arabe. Surprenant? La racine s-l-m couvre un champ sémantique large incluant : bien-être matériel, sécurité affective et plénitude spirituelle.
Il faut distinguer l'islam de l'islamisme qui n'est pas une religion mais une idéologie.

L'actualité suscite plusieurs réflexions. La première est celle de la préservation de nos valeurs fondatrices que sont le respect républicain et la liberté d'opinion. La seconde porte plus spécifiquement sur l'idéologie en tant que perversion destructrice de nos valeurs, la dernière que je développerai dans cette note concerne la jugulation du ressentiment quant à la réussite matérielle et l'élévation spirituelle.

Tolérer, est-ce tout accepter ? Assurément, non. La tolérance, corrélat du respect républicain n'est pas synonyme de relativisme. Elle en est aux antipodes. La République est fondée sur des valeurs sacrées. La tolérance est circonscrite par le respect de ces valeurs. La tolérance ce n'est pas cautionner l'uniformisme, c'est respecter les divergences d'opinions tant qu'elles n'entravent pas l'édifice de notre République. Le relativisme des valeurs présente un vrai danger, ainsi ne puis-je résister au plaisir de citer Tocqueville, :

"vous dîtes qu'on abandonne les mauvaises idées politiques, et moi je vous dis qu'on abandonne même les bonnes./.../
Et ce mal, savez-vous comment il s'appelle? C'est l'indifférence, c'est le sommeil. /.../


Vous dîtes que la paix existe, et je vous dirais encore que la guerre n'a fait que changer de théâtre ; de politique, elle est devenue philosophique et religieuse."

La liberté d'opinion est nécessaire au-vivre ensemble des hommes, c'est dans la pluralité que se révèle leur humanité. La liberté de penser est indissociable de la confrontation critique des points de vue. D'elle seule résulte en effet l'objectivité. Mais attention la liberté de penser suppose l'effort de s'arracher aux préjugés par l'acceptation de cette confrontation. La réflexion, par sa polysémie réfère à l'éclairage qui nous permet d'avancer.

La raison, nous permet d'avancer. La rationalisation, à rebours, est un simulacre de raison. Rationaliser c'est camouffler derrière une apparence de raison des passions négatives, comme le ressentiment, qui guident le raisonnement. Celui qui rationalise n'est donc pas libre, dans la mesure où il est incapable de se déprendre des affections extérieures. Ou pire encore, il veut sciemment tromper les autres par son simulacre de raisonnement.

Or l'idéologie n'est rien d'autre qu'une rationalisation. L'idéologie, c'est la logique d'une idée, comprise comme mouvement de déduction. Déduction en ce qu'il s'agit d'un mouvement interne sans confrontation avec l'extérieur. Or comme le rappelle Anne Amiel, la transformation de l'idéologie en arme totalitaire consiste précisément à porter tout l'accent sur le calcul et la déduction. On comprend comment l'idéologie contribue à faire s'évanouir la capacité à distinguer le vrai du faux.

On voit ainsi émerger le terme de nazislamisme, au sens où l'idéologie islamiste n'est pas sans rappeler le processus à l'oeuvre dans le nazisme, et dans toute forme de totalitarisme.

Une distinction est fondamentale entre d'une part l'Islam comme religion qui est tout à fait compatible avec nos valeurs républicaines et l'idéologie que certains voudraient faire passer pour Sainte écriture. Ils avaient perdu l'esprit pour la lettre écrit EE Schmitt dans l'évangile selon Pilate : cette citation illustre parfaitement la dérive à l'oeuvre dans ce processus. Cette idéologie n'est pas le propre de l'islamisme, on la retrouve dans le ressentiment de l'extrême gauche qui en déniant à l'individu sa liberté d'entreprendre et de jouïr de sa réussite met à l'oeuvre ce que Nietzsche appelait la domination des faibles par la diffusion d'un sentiment de culpabilisation.

Le danger imminent réside donc dans la contamination par cette forme de culpabilisation qui commence par l'égalisation des valeurs. On confond, sans grande prudence, tolérance et relativisme. On confond sphère publique et sphère politique. Au royaume du "juste prix" où tout se vaudrait on en néglige la confrontation des idées sur la scène politique.

Le désengagement politique est pourtant la porte ouverte à toute sorte de dérive, dont la plus menaçante est ce triomphe de l'idéologie sur la raison, porte ouverte au totalitarisme.

Benjamin Constant avait vu juste : "le danger de la liberté moderne, c'est qu'absorbés dans la puissance de notre indépendance privée, (..)nous ne renoncions trop facilement à notre droit de partage dans le pouvoir politique"

msm