vendredi, octobre 27, 2006

International
27 octobre 2006
Le Temps



"Originaire du canton de Berne, Manuel Aeschlimann est un expert de l'image et des sondages. Il est aujourd'hui conseiller du ministre de l'Intérieur. Rencontre avec un stratège qui affûte ses armes en vue de la campagne présidentielle.

Les échiquiers qui ornent son vaste bureau de la mairie d'Asnières, en banlieue parisienne, annoncent la couleur: le maître des lieux est avant tout un cérébral. Mais Manuel Aeschlimann, conseiller de Nicolas Sarkozy dans les arts délicats du suivi de l'opinion et de la maîtrise de l'image, nourrit aussi une passion plus discrète pour la Suisse, sa terre ancestrale.

«Je suis binational, mon père vient de la région de Berne», explique ce quadragénaire qui, en coulisses, joue un rôle clé dans la campagne présidentielle. «Depuis 2002, j'ai souhaité me rendre plus souvent en Suisse et je suis allé à Montreux, Genève, Gstaad... j'ai dû me contenter de regarder les chalets, parce que les prix sont assez «hard». La propreté, l'état d'esprit suisse, c'est tout ce que j'aime.» Les valeurs de l'Helvétie sont donc parfaitement «sarko-compatibles».

Dans sa commune d'Asnières, Manuel Aeschlimann a élevé la communication au rang de science presque exacte: il envoie des publications taillées sur mesure aux femmes, aux 18-25 ans, aux retraités. Il consulte les gardiens d'immeubles et les associations de locataires. Son discours «chirurgical» vise un électorat individualiste, qui ne vote plus en fonction de grandes idéologies mais d'enjeux précis.
Armes favorites

A l'échelle nationale, cette stratégie du «vote sur enjeu» pousse désormais Nicolas Sarkozy à intervenir sur des sujets comme l'agriculture, l'environnement ou le logement. «L'objectif n'est pas de faire plaisir à tout le monde, mais de parler à tout le monde», précise Manuel Aeschlimann. Cette méthode risque cependant de donner au candidat un air opportuniste et fluctuant. Pour y parer, il faut avoir «des éléments programmatiques plus fermes»: dans le cas de Nicolas Sarkozy, un discours musclé sur l'ordre et la sécurité. Sur ces thèmes, «son image est faite, il n'y a plus rien à y ajouter», estime Manuel Aeschlimann. Il croit même que Nicolas Sarkozy devrait quitter le gouvernement «le plus tôt possible».

Pour éviter les effets négatifs de nouvelles violences dans les banlieues, mais aussi pour rendre audible le reste de son message: «Aujourd'hui, il souffre d'un manque de lisibilité programmatique parce que, quoi qu'il dise, c'est toujours son statut de ministre de l'Intérieur qui domine.» Manuel Aeschlimann pense que les débats décisifs auront lieu dans les ultimes semaines de la campagne présidentielle, et il affûte déjà ses armes favorites en prévision de ce moment.

La première, ce sont les sondages qualitatifs qui mesurent l'état d'esprit de petits groupes d'électeurs. Ils ont permis à Manuel Aeschlimann - et Nicolas Sarkozy - de prédire l'échec de la Constitution européenne au référendum de mai 2005.

L'autre arme, c'est un esprit d'analyse impitoyable, entraîné par une longue pratique des échecs. «Après mon bac, j'aurais pu devenir joueur professionnel, mais j'ai choisi d'être sérieux en étudiant sciences po et droit», raconte le conseiller. Son heure de gloire échiquéenne est une partie nulle arrachée au grand champion Boris Spassky. «Les échecs permettent de rester zen, de ne pas réagir impulsivement aux attaques: dans ce jeu, tous les coups sont légitimes et il faut s'y préparer.»

En bon adepte de la raison pure, Manuel Aeschlimann estime que l'euphorie et l'excès de confiance sont les pires ennemis des candidats, comme aux échecs: «C'est lorsque vous êtes dans une logique de conquête que vous risquez le plus d'être battu.» Nicolas Sarkozy est prévenu: pour gagner, il lui faudra faire preuve, ces six prochains mois, d'une prudence de Sioux. "

Manuel Aeschlimann interviendra le 27 octobre aux Journées de la communication de Bienne. Rens. au 032/ 327 57 90 ou sur http://www.comdays.ch

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

C'est vrai que cette personnalité est interessante. Pour l'avoir écouter sur une radio (je ne me souviens plus laquelle), j'ai entendu un vrai discours intelligent, sans idéologie idiote. Avec plus que la place d'un observateur, celle d'un attentif- ce qui entraîne une nuance de taille. Il semble savoir mettre à distance un comportement du politicien qui est toujours réducteur.
Cordialement
Catherine

27 octobre, 2006 19:40  
Anonymous Anonyme said...

c'est pas terrible les fautes d'orthographe - désolée.

28 octobre, 2006 06:51  

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